Après une carrière dans l’industrie, Emmanuel Mounier se diversifie dans la presse jeunesse.
Par Céline Vuillet – La Tribune de la Presse
« A la maison, Les chiffres étaient très présents » se souvient Emmanuel Mounier, 43 ans, fils de professeurs de comptabilité et petit-fils d’un ingénieur et d’un expert-comptable. Enfant curieux à l’esprit vif – il lit Sciences & Vie dès l’âge de 10 ans – il suit tout naturellement la pente familiale et réussit le concours de Polytechnique, promotion 1994. Pendant sa dernière année à l’X, ce passionné de voile préside la Student Yachting World Cup, une course de voile d’une trentaine d’équipages qui se déroule à Marseille :
« C’était une association au fonctionnement semi-professionnel puisque nous disposions d’un budget de 1,4 million de francs, soit 200 000 euros. Nous louions les bateaux et gérions le logement, la nourriture et la recherche de sponsors puisque le ticket d’entrée était minoré de 50 % par rapport aux frais réels de participation. »
Riche de cette expérience où se révèlent ses talents de leader, Emmanuel Mounier veut se coltiner à « la vraie vie » dès sa sortie de l’école : ni école d’application, ni entrée au service de l’État, il opte pour le privé, quitte à rembourser sur ses deniers propres le coût de ses études.
« J’ai pantouflé à Paribas parce que j’avais envie de travailler dans les affaires, la finance, pour découvrir le fonctionnement des entreprises, les notions de rentabilité, de performance, essentielles dans le privé » affirme-t-il.
Au bout de quatre années passées dans la banque, il rejoint Péchiney en 2001.
« Mon ADN d’ingénieur m’a rattrapé, j’ai travaillé à la direction de la finance et de la stratégie, qui couvrait aussi le groupe Alcan racheté à la même période. »
Repéré par un chasseur de têtes, il prend la direction des fusions-acquisitions et de la communication financière de Dassault-Systèmes, « l’une des plus belles sociétés high-tech françaises. » Alors qu’il quitte Dassault en juin 2007 pour Safran où i l est nommé directeur de la stratégie en charge de la réorganisation du groupe après la fusion de Snecma et Sagem, un ami fait appel à ses compétences pour un job bénévole :
« J’ai accepté par amitié et parce que la cause m’intéressait, précise Emmanuel Mounier. Il s’agissait de travailler pour l’association Max Havelaar qui avait besoin de créer une structure de financement pour son activité de commerce équitable. »
Tout en menant à bien la création d’Agrofine dans le cadre de cette mission, Emmanuel Mounier restructure Safran dont il vend des secteurs non stratégiques, comme La téléphonie.
« J’ai réorienté l’activité avec la création d’une division sécurité en achetant des sociétés partout dans le monde. J’étais responsable de Morpho Détection, une business unit qui vendait des équipements de contrôle de sécurité principalement pour les aéroports, notamment des détecteurs d’explosifs. C’était une activité très rentable liée à une forte demande. »
Le monde des médias
Entrepreneur dans l’âme, Emmanuel Mounier franchit une nouvelle étape en septembre 2013 avec la création d’Arrow, sa holding personnelle. Son objectif ?
« Prendre des participations dans des sociétés qui m’intéressaient et en conseiller d’autres en fusions-acquisitions et restructuration dans des secteurs à développer. »
Parmi ces secteurs se trouvaient les médias, nouvelles activités dans l’univers de cet ingénieur high-tech. Père de deux garçons âgés aujourd’hui de 10 et 12 ans, il s’intéresse à la presse jeunesse avec l’acquisition de QUELLE HISTOIRE, société spécialisée dans les applications numériques tournées vers les enfants de 6 à 10 ans. Il la transforme en maison d’édition print, soit le chemin inverse de celui parcouru par la plupart des éditeurs.
Quelques mois plus tard, en juin 2014, Emmanuel Mounier crée UNIQUE HERITAGE MEDIA, une holding qui englobe l’ensemble de ses activités media avant l’acquisition de FLEURUS PRESSE en mai 2015 et la création de PILI POP en juin dernier.
« Pili Pop est une plateforme pour apprendre les langues aux 6 -10 ans grâce à un couplage avec Pirouette, édité par Fleurus Presse, qui intègre deux pages de découverte de l’anglais », précise-t-il.
Le néo-éditeur affiche une vraie volonté de s’investir dans la jeunesse avec des contenus de grande qualité qui permettent à L’enfant de s’amuser tout en apprenant.
« C’est le cœur de la stratégie d’Unique Héritage Media, affirme-t-il, la reprise de Fleurus Presse est totalement cohérente avec cette volonté de développer des activités média jeunesse intelligentes tout en laissant une large place au papier. Nous prévoyons de créer un à deux titres par an. »
Très impliqué dans son nouveau métier d’éditeur de presse, Emmanuel Mounier a été élu administrateur des MLP en juillet dernier, « par intérêt pour les circuits de distribution que je ne connaissais pas il y a deux ans, c’est ma façon de m’impliquer, d’accompagner un secteur qui souffre en apportant ma pierre à l’édifice ».